26 Septembre 2011
Au nom d'une prétendue convergence franco-allemande, le Premier ministre, François Fillon a affirmé jeudi qu'«il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de
retraite commun, il faudra aller vers une convergence progressive de l'organisation économique et sociale de nos deux pays». Ce n'est pas la première fois que M. Fillon use de ce genre
d'arguments pour légitimer les reculs des droits sociaux en matière de retraite. Travailler plus longtemps à l'instar de nos voisins européens, comme l'Allemagne, est en fait la posture qu'il
avait déjà prise en 2003 pour justifier sa réforme qui avait conduit à l'allongement progressif de la durée de cotisation à plus de 40 ans. Tout comme pour celle de 2010 qui a porté l'âge légal
de départ de 60 à 62 ans d'ici 2018, en plus de la hausse mécanique du nombre de trimestres cotisés décidée en 2003.
Pour Philippe Pihet (FO), avec l'Allemagne, «on compare souvent des choux et des carottes. Outre-rhin, les salariés peuvent partir en retraite après 35 ans de cotisations (140 trimestres) alors
qu'en France il faut maintenant 166 trimestres de cotisations (41,5 ans) pour pouvoir partir à 62 ans». Là-bas, l'âge prime sur la durée de cotisation pour définir le droit à la retraite. L'âge
légal du départ va certes y passer progressivement de 65 à 67 ans à l'horizon 2029, mais le salarié allemand pourra continuer à partir dès 63 ans… avec 35 ans de cotisations. L'assuré verra sa
pension subir une décote totale de 7% mais celle-ci restera, quoi qu'il arrive, bien inférieure à l'abattement de 5% par année de cotisation manquante appliquée en France et qui peut amputer une
pension jusqu'à 25% d'une retraite à taux plein. Par ailleurs, le système allemand est contraint par des impératifs démographiques (vieillissement de la population) liés à un taux de natalité
bien inférieur à celui de la France.
Comme le rappelle, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, le gouvernement français reste lui obnubilé par les diktats des marchés financiers auxquels il refuse toujours de se
soustraire. «Pour un spécialiste du pilotage, François Fillon (qui est un amateur de course automobile, ndlr) a fait là un dérapage incontrôlé», a ironisé Jean-Claude Mailly, avant de le mettre
en garde: «les salariés n'ont toujours pas digéré la contre-réforme de 2010, alors discuter d'un nouveau recul de l'âge de départ à la retraite, certainement pas!».